Notre devise :
à nous le Souvenir,
à eux l’immortalité.
« Aux résistants de Fontjun,
le combat et la tragédie
des 6 et 7 juin 1944 »
Béziers, le Champ de Mars, mercredi 7 juin 1944:
Les prisonniers capturés à Fontjun sont emmenés par les Allemands directement à Saint-Chinian où ils subiront des interrogatoires musclés (pour rester pudique).
Ils feront défiler leurs victimes dans les rues du village. Pour le départ, ils sont répartis dans deux camions, agenouillés et mains sur la tête. Le traitement qui leur a été infligé fut terrible, inhumain, et marqua la population dans sa chair pour des générations.
Ils sont emmenés à Béziers, direction la caserne Duguesclin.
Les deux camions furent aperçus à Puisserguier vers 10h00.
L’exécution avait été initialement prévue sur le parvis du Théâtre, mais suite à la protestation des autorités locales elle aura lieu cependant sur la Place du Champ de Mars, ironie de l'histoire, en face de la maison natale de Jean Moulin.
A 14h00, les exécutions, publiques, contre le mur, bras liés aux piliers de la balustrade, se feront par groupes de six, attachés par les mains, en guenilles, chancelants, portants les traces de sévices, certains ont toutes les peines pour marcher.
L'ordre de tirer est donné par le chef de peloton : le premier groupe s'effondre.
Le second arrive, toujours de six, avec sous leurs yeux les corps ensanglantés de leurs camarades. Ce groupe est composé entre autre d'un jeune, un adolescent de 17 ans, Marc Albert, qui appelle sa mère, et Roger Cauquil qui sera exécuté sous les yeux de Juliette, son épouse, bien horrible attention des bourreaux...
Les corps ensanglantés s'accumulent sous les yeux incrédules de la foule, massée de force.
Ils restent cinq résistants à fusiller, Mme Cauquil aurait été épargnée par son statut de femme mais elle est à bout, elle vient de voir son époux fauché par les balles, elle est hors d'elle, elle rassure le jeune Henri Massat et l'embrasse, elle insulte l'officier Allemand commandant le peloton et lui aurait craché au visage ; c'en est trop pour l'officier, elle sera la dix-huitième.
Elle fait un geste à la foule et lance un « VIVE LA FRANCE »
Malgré les tortures que l'on peut malheureusement imaginer, aucun ne parla, aucun ne citera un lieu ou un camarade, d'ailleurs personne ne fut arrêté en lien direct avec « Fontjun »
Quelqu'un aurait lâché un « SALAUDS, ASSASSINS » à l’égard des nazis avant de disparaître dans la foule sans que les Feldgendarmes ne le retrouvent.
Ces exécutions eurent l'effet d'un tremblement de terre dans la population Biterroise jusqu' à atteindre les petits villages marquant à jamais les esprits....jusqu'à nos jours.
Nombre de nos parents ou grands-parents s'en souviennent encore avec émotion.
Le lendemain est placardée une affiche sur les murs principaux de Béziers :
« Dix-sept terroristes, pris les armes à la main ont été passés par les armes ».
L'imprimeur avait oublié Juliette Cauquil.
Ils furent enterrés au cimetière communal par la Croix Rouge, surveillés par les Allemands avec interdiction aux familles de se recueillir.
C'est à la libération seulement que les familles pourront enfin récupérer les corps de leurs défunts.
Il faudra attendre le 27 août 1944, sur le même Champ de Mars, pour voir défiler les FFI du groupe Grandidier sous les ordres du Capitaine Sagne et du Lieutenant Le Stum.
Dix victimes étaient originaires de Capestang, ce qui focalisa les représailles sur ce village qui sera bouclé par les chars le 9 juin, soit deux jours après, afin d'y mener une rafle : 143 hommes de 18 à 45 ans furent arrêtés et déportés en Allemagne pour des travaux forcés.
Un seul ne reviendra pas.